samedi 11 juin 2016

"Les putes voilées n'iront jamais au Paradis" de C. DJAVANN


On peut d’abord penser que le titre est racoleur, il y a de bonnes raisons à cela ! Mais après l’avoir lu, on a un peu honte de l’avoir cru, on se sent bouleversé par la réalité décrite.
Bien sûr, on connaît le rapport qu’ont les religions aux femmes, à leur sexualité et à la sexualité en général. On sait la haine pour les femmes que toutes ont été capables de développer dans le passé, et aujourd’hui encore ;
La religion catholique, qui nous est la plus familière, a pu être marginalisée en Occident, après des siècles d’une violente inquisition, de meurtres et, de tortures morales et physiques, qui avaient façonné des mœurs implacables. Un des buts fondamentaux : maintenir les femmes sous tutelle, sous la domination des hommes, sous la menace du rejet social, de l’enfermement, et d’accusations diverses (hystériques, sorcières, irresponsables, tentatrices, etc.)
Tout aussi important fut le rôle politique qu’elle a joué auprès des puissants pendant des siècles d’obscurantisme et de terreur : garder l’emprise sur les esprits, sur les consciences, sur les actes des hommes. Très tôt, le clergé catholique a imposé la prépondérance des hommes en théorisant le culte de la vierge Marie, du rôle de la femme génitrice avant tout, de sa soumission à l’église et aux maris.
Seulement voilà, en Occident les choses se sont un peu modifiées, voire beaucoup. L’Église a dû en rabattre devant l’avènement d’une nouvelle et forte idée : la laïcité. Etant donné les combats qu’il faut encore mener, et les horreurs dont la religion catholique semble encore capable, on voit bien qu’elle n’a pas renoncé à son ancienne volonté de puissance
Mais, ici, elle n’a plus les mains libres ni la connivence avec le pouvoir politique, ni l’influence de jadis : la liberté individuelle des femmes et, horreur, le principe d’égalité avec les hommes sont des droits !  On ne brûle plus les sorcières, on n’interne plus les femmes qui s’opposent à leurs maris, le mot  fille-mère est devenu anachronique, un violeur est jugé comme criminel, une voix de femme est, de droit, égale à une voix d’homme et… la sexualité des uns et des autres est avant tout l’affaire de chacun !
Chahdortt DJAVANN nous ramène, nous occidentaux, plusieurs siècles en arrière avec ce livre bouleversant sur l’Iran d’aujourd’hui, qui met en cause les mœurs odieuses autant qu’honteuses d’une société façonnée par l’islam chiite et qui vit encore sous la botte de la charia.
Elle témoigne, à sa façon, mais elle dit le vrai, le juridique islamique qui définit la notion de « sang sans valeur », expression appliquée aux femmes et aux hommes peu ou prou en délicatesse avec la loi religieuse intransigeante.
Elle nous parle de la misère sexuelle que vivent ces hommes et ces femmes musulmans sous le joug d’une religion implacable qui place la sexualité sous le signe de la honte et de l’impossible confiance entre homme et femme, car dissuadée par la loi mortifère.
Elle dit l’hypocrisie de la sexualité contrôlée par les mollahs et son corollaire, les « épouses temporaires » que des mollahs louent pour une durée déterminée (une heure, une semaine, un an) à de « bons » musulmans soucieux …du respect de leur religion (un proxénétisme religieux, en somme, mais qui serait moral…) !
Elle évoque la dangerosité pour une femme célibataire et pauvre d’être très jeune, d’être une adolescente fugueuse, ou veuve, ou prostituée, de n’être plus vierge ou simplement d’en être soupçonnée. Sans mari, ni protecteur, une femme est alors perçue comme une chose publique, qui appartient à tout un chacun. D’où une très grande vulnérabilité !
Et la religion montre là son visage le plus hideux : elle couvre le viol en accusant la victime de comportements provocants sous son tchador, elle incite ses fidèles à faire œuvre de « salubrité publique ». La mise à mort, le meurtre est encouragé au nom de la pureté de la religion ! Les assassins, soutenus par les religieux, sont en général blanchis par référence au dogme ! Les meurtres de prostituées, d’ailleurs, nous dit Chahdortt, ne donnent pas lieu à des enquêtes !
Mais l’islam chiite a ses coquetteries : il condamne l’assassinat des individus mais recommande l’élimination des gens « sans valeur » ... De par la même loi, une femme vaut déjà la moitié d’un homme, alors pensez donc, une femme seule non vierge ou prostituée …
Comme dans la plupart des religions, celle-ci exacerbe l’arme lourde de la virginité pour soumettre les femmes : cela sert de prétexte pour les surveiller voire les enfermer, et dans tous cas les soupçonner du pire : menteuses, dissimulatrices, irresponsables, provocatrices, forcément coupables !
D’ailleurs, le mot pute, un peu comme chez nous dans certains quartiers, désigne pour un homme éconduit, la femme qui se refuse ! Ici, cela porte très rarement à des conséquences extrêmes, mais en Iran, elle risque tout simplement une dénonciation et au bout du compte, très officiellement, la mort ! 
L’auteur explique combien les filles sont en grand danger dans la famille elle-même, de par leur entourage masculin, et les femmes au travail de par leurs collègues et/ou supérieurs hiérarchiques. Elle font donc l’objet d’un racket sexuel aussi immonde que fréquent.
On ne sort pas indemne de ce livre ! Chahdort dit page 191 : « Habiter un corps de femme, dans la majorité des pays musulmans, est en soi une faute. Une culpabilité. Avoir un corps de femme vous coûte très cher, et vous en payez le prix toute votre vie. »
Elle n’est ni optimiste, ni pessimiste. Elle écrit, elle montre, elle témoigne, et elle souffre quand elle évoque ces femmes qui par fanatisme religieux, par égoïsme ou par peur, participent à la curée de celles que l’on dénonce ou tue !
La crudité de certains propos ne fait qu’exacerber l’horreur et la sidération qui vous saisit devant ces pratiques de dégradation et d’avilissement d’un être humain : comment concevoir l’aveuglement fanatique d’un homme qui étrangle avec son tchador la femme qu’il vient de baiser ?
Chahdortt se glisse dans la peau d’une quinzaine de femmes, tour à tour, pour raconter leur vie d’avant, le manque de tendresse, la souffrance, leurs enfants, leurs espoirs, leurs désirs. Avant d’être retrouvées mortes, étranglées avec leur tchador, ou pendues au nom de la loi islamique, en Iran, dans les années 2011, 2012, 2013, 2014, 2015… C’était hier, encore !

jeudi 14 janvier 2016

Le Rafale brésilien






Voici   mon premier roman publié par les Éditions Baudelaire !

C’est, entre autres, l’histoire d’une femme : elle a déjà beaucoup vécu et travaillé, ce qui la  propulse dans une deuxième vie où elle découvre que son avenir est encore devant elle ! Même et surtout en ce qui relève de sa vie sentimentale, de ses passions,  de ses curiosités.
Que dit le « résumé » de la quatrième de couverture ? Il commence par :
Deux amis, pilotes de chasse, la quarantaine, de l’Escadron d’Expérimentation de Mont-de Marsan sont atteints par la limite d’âge des pilotes. Leur vie privée a depuis dix ans le goût envoûtant de la liberté.  Mais celle de Paolo est de plus en plus sujette au vertige du vide lorsque, contrevenant au « Règlement », il jette son dévolu sur Anna. Il tombe amoureux de cette femme  qui a  soixante dix ans….

Le livre, photographié ci-contre, peut être trouvé chez le libraire du coin, mais aussi sur fnac.com, sur amazon.fr, sur le site de l’éditeur, etc… 

mercredi 13 janvier 2016

Suis-je islamophobe?

Suis-je catholicophobe, judéophobe, mais aussi anglicanophobe, bouda-o-phobe, and so on… ?
Ce n’est pas parce que je suis athée ou peut-être un peu agnostique, que je me pose ces questions, mais j’ai de sévères critiques au sujet des religions !! Sans toutefois oublier, ni minimiser les grandes qualités de cœur dont font souvent preuve  nombre de leurs fidèles, dont certains sont mes amis !
Je me souviens de mes longues discussions avec Christian, catho de son état, sur la spiritualité que procure la croyance en dieu et les questions que cela soulève. J’aimais discuter avec lui, et d’autres aussi, car j’étais amenée à réfléchir à ma propre spiritualité et à découvrir que, ma foi, j’en avais une aussi qui, certes, n’était pas religieuse mais qui était, tout de même ! Une spiritualité, en somme, qui n’avait aucun besoin d’une religion.
Les raisons qu’ont les personnes de s’inventer une « être suprême » quel qu’il soit, ont souvent sollicité ma curiosité : chacun de nous se confronte à ce même mystère et y apporte les réponses qu’il peut ou qu’il a à sa portée.
Mais au fond, quel besoin de connaître la religion de son interlocuteur pour discuter de ces choses-là ? Quel besoin y aurait-il qu’une personne se raccroche à une religion  officielle, institutionnelle ou non, pour la simple raison qu’elle croît en un dieu créateur de l’Univers ?
À un moment de notre existence se pose la question : « Par quel miracle existent notre merveilleuse mécanique céleste et soi-même ? ». Et PERSONNE n’a la réponse, chacun doit se contenter de son intime conviction ! Il n’y a que deux réponses, comme dans un référendum, oui et non, puisqu’on ne compte pas les abstentionnistes !
Alors, les religions ?....C’est peu dire qu’elles ne possèdent pas plus la réponse que les individus, mais leur grande force est de savoir faire oublier ce questionnement fondamental : en un mot, elles savent bâtir sur du vide !!
Les religions sont des outils politiques qui aspirent quand elles le peuvent  à jouer un rôle régalien. C’était particulièrement flagrant partout au cours des vingt siècles passés. Aujourd’hui, bien qu’inégalement, ça l’est un peu moins dans notre monde, mais la tentation est toujours très présente !!
Dans leur histoire séculaire, des mots (maux !) terribles surnagent : intolérance, coercitions, contraintes et culpabilisation, guerres de religions, bûchers, hérésies, soumission, lapidation, tortures, rigorisme moral, excommunications, mécréants, charia, pureté de la loi divine, inquisition, procès en sorcellerie, exorcismes, ordre moral... !!
Dans une partie (encore insuffisante) du monde, les pratiques religieuses ont gagné un peu plus d’humanité mais  une constante demeure, hélas : la haine des femmes, la méfiance à leur égard et son corollaire, la volonté d’encadrer étroitement leur sexualité.
L’efficacité et la longévité des institutions religieuses  résident dans l’idée redoutable de l’ « immortalité de l’âme » - notion évidemment invérifiable – et dans le précepte: « il faut souffrir dans cette vie pour atteindre la félicité éternelle dans …l’autre ! ». Il faut bien le dire, c’était et c’est encore une argumentation imparable pour prendre le pouvoir sur bien des consciences.
Les victimes des religions ont été et sont encore le plus souvent leurs propres fidèles !! Ils paient parfois au prix fort leur besoin de se rassurer au sein d’une communauté de croyance.
Le 06/01/2016, sur BFM TV, M.Galzi animait un débat tardif sur la « Une » du Spécial Charlie – un vieillard, longue barbe, yeux exorbités, tout blanc, une kalach en bandoulière, en train de s’enfuir, surmonté de : « 1 an après, l’assassin court toujours »-.
 Le journal commémorait le premier anniversaire de la tuerie. Étaient présents dans ce débat, un évêque catho, un représentant musulman (CFCM) et un responsable du culte juif, face à M. Péna-Ruiz académicien et auteur d’un ouvrage intitulé Laïcité. Et il s’agissait, bien sûr, d’évoquer la liberté d’expression dans notre pays laïque….
Dans ma « liste » de mots, ci-dessus, je pourrais aussi ajouter : sectarisme, duplicité, faux-fuyants, mensonges (tentatives, en tout cas, tant il est difficile de tromper M. Péna-Ruiz sur le sujet !). La désapprobation feutrée de Charlie par ces trois religieux masquait mal leur souhait de le condamner sinon de le voir disparaître.
Ils représentaient les trois religions monothéistes issues d’une même histoire, d’une même géographie, et pourtant il y avait si peu d’empathie tant on percevait leur gêne d’être assis à proximité l’un de l’autre ! Au fond, malgré les paroles lénifiantes, l’ADN reste le même depuis l’origine, celui de l’affrontement pour étendre leur influence et limiter celle des autres.
L’académicien a donné un chiffre intéressant : en France, 45% des personnes sont indifférentes à l’idée d’un dieu. Mais de très nombreux croyants sont résolument attachés aux principes de la laïcité comme valeur fondamentale de notre société, et en cela nous sommes un pays remarquable ! Elle permet d’assurer le droit d’exister, dans le cadre de la loi, à tous les courants philosophiques, religieux ou non, politiques, etc…

Alors, non, mea culpa, au fond je ne suis pas XXX-phobe ! Je suis simplement critique et si je savais le faire, comme j’aimerais le dessiner, avec insolence, avec irrévérence, avec jubilation  comme on peut le faire ici, chez nous, quand il s’agit de débattre de tout et de rien ! ! En fait je suis, par dessus de tout, laïque !