dimanche 4 mai 2014

Et maintenant, l'Europe, l'Europe, l'Europe...



Traité de Maastricht- 20 septembre 1992.

Avec ma fille, fraîchement diplômée de l’ENSAE, nous nous étions penchées sur le texte  du traité soumis à référendum. Le principe d’’indépendance de la BCE, qui échappait ainsi à tout contrôle institutionnel ou démocratique, nous avait horrifiées.

Nous ne savions pas encore que c’était l’aboutissement d’un long processus initié vingt ans auparavant avec l’interdiction faite aux États, par les états eux-mêmes, d’emprunter à leur propre Banque Centrale.
Nous avions la possibilité de dire non, alors nous l’avons fait. Mais ça n’a pas suffi…

Traité pour une Constitution Européenne - 29 mai 2005.

La BCE vivait sa vie et les États leurs déficits et endettements, au frais des contribuables mais au bonheur de leurs réseaux de banques nationales ou internationales.

Nouveau référendum au sujet de l’Europe ! Avec Flo, stabilotage et soulignage furent de nouveau les mamelles de notre intense réflexion. Et là, nous avons rencontré le grandiose « Chapitre III » et son principe phare : « la concurrence libre et non faussée ». Belle utopie destinée à camoufler l’essentiel : verrouiller le système  économique de l’Europe pour et par les grands intérêts financiers. On y trouvait les principes draconiens du FMI d’alors, ceux qui avaient en partie provoqué les crises argentine, asiatique, russe (entre autres…) de la décennie précédente ! On nous demandait donc d’inscrire dans le marbre d’une « Constitution », une organisation de l’Europe sous sa forme « ultra-libérale » ou néo-libérale, comme on voudra !

Non, merci ! Mais cette fois nous avions gagné (à 55%) ! Enfin, gagné, oui, mais provisoirement… Les banques florissantes et ostentatoires avaient un ami, il s’appelait Nicolas Sarkosy et il leur devait beaucoup….Il inventa une arnaque et fit passer le traité – qui du coup devint traité de Lisbonne – par le parlement en 2007…

….Juste à l’époque où s’installait dans le monde une très grave crise financière faisant des millions de laissés pour compte dans certains pays, des économies nationales exsangues parfois et des États sommés de payer pour l’irresponsabilité de leurs banques après avoir au fil des ans démantelé les règlementations et les contrôles publics, pour leur complaire (aux banques !).

L’Europe devant nous.

Et pourtant elle a avancé, l’Europe ! Mais attention, la tâche est encore immense, en particulier sur les questions d’harmonisation sociale et fiscale Nous n’étions pas anti-européennes, mais nous ne voulions pas celle qu’on nous « proposait » !

La paix en Europe : 
Dans le contexte actuel où notre remuant voisin russe semble se laisser aller à des visées expansionnistes, on peut tout de même rappeler  que l’Union Européenne a été un catalyseur de paix pendant soixante dix ans et qu’il est rassurant pour nos petits pays de faire partie d’un ensemble plus vaste et donc plus fort !

Le vieux continent :
C’est l’Europe (à peu de chose près : les russes etquelques petits états !!) !  Au fil des millénaires, nous nous sommes tellement battus, déchirés, réconciliés entre-dévorés, mutilés, alliés, dépouillés, insultés, humiliés les uns les autres, que cela crée des liens indéfectibles ! Il ne nous reste donc plus qu’à expérimenter l’ère de la sagesse. Mais que serions-nous sans notre perfide Albion (et sans les petites anglaises…) ou sans notre Wolfgang Amédéus, notre Léonard, sans Marie Slodowska, sans Marcello et tant des « nôtres », européens ?

L’Amérique, nous perçoit bien souvent comme un bloc monolithique et même socialiste  (un comble !), bien des réfugiés d’Afrique ou d’Asie risquent leur vie pour rejoindre l’Europe. Si le citoyen européen reste à construire, le mot « européen » a un sens pour nombre de gens qui n’habitent pas en Europe ! Mais à l’extérieur de nos frontières, nous avons une identité, nous sommes des européens ! Et en plus nous avons une monnaie stable et forte, qui compte dans le monde !!

L’euro :
Il est, directement ou indirectement(en Afrique et dans le Pacifique)  la monnaie de pas loin de cinquante pays,   il est devenu en peu d’années une des deux monnaies de référence dans le monde et de nombreux états l’utilisent dans leurs réserves monétaires.

 Il a apporté stabilité tant sur le plan du système de change que sur celui des prix : certains d’entre nous se rappellent des dévaluations agressives dans « une  guerre des monnaies » qui  favorisait une forte inflation (inflation à deux chiffres) !! Il y a trente ans, pour se couvrir, les banques nous prêtaient  à des taux de l’ordre de 15% ou plus ! Les intérêts multipliaient par deux ou trois le prix d’un logement, en ce temps là ! C’était de la folie !

Dans la grave crise financière de 20082009, les autres monnaies de l’Union, parfois gravement attaquées, ont pu bénéficier des mécanismes de solidarité européens. Les pays de la zone euro ont été bien moins  touchés que d’autres  par les produits toxiques.

Les transactions en euros ont largement pris le dessus comme monnaie internationale dans toute l’Europe et de plus en plus au-delà (pays méditerranéens, Afrique)

Le secret bancaire vacille, l’Union Bancaire prend son vol :
 Les états ont pris conscience que la fraude fiscale est un fléau qui plombe  à peu près toutes les fiscalités nationales. Sous leurs pressions, le secret bancaire a été largement écorné. Les pays commencent à récupérer des sommes considérables.

L’Europe est allée plus loin pour nous prémunir de l’irresponsabilité de certains organismes bancaires : il a été créé une « Union Bancaire », alimentée par les banques elles-mêmes, dont un des rôles essentiels sera d’assumer  toutes les conséquences, y compris financières, en cas de crise générée par l’une d’entre elles. En Europe, ce n’est donc plus l’État (donc le contribuable) qui refinancera les banques en faillite, mais … les autres banques !

Ce ne sont que quelques éléments, bien sûr, mais sur ce sujet  je vous recommande le remarquable  livre d’Olivier Barthalon, « L’euro, dix ans après », chez « L’Harmattan ».

L’Europe n’a pas de déficit financier, certes, mais je sais bien qu’il en est d’autres tout aussi graves : déficit démocratique, dumping social, dumping fiscal… On les aurait de toutes façons s’il n’y avait pas l’Union Européenne, mais sans l’espoir que cela puisse s’améliorer !


On commémore cette année la Grande Guerre de 14, la fin de la Seconde Guerre mondiale. Lorsque je regarde ce que montrent  les documentaires à ce sujet à la télé, je me dis qu’avec l’Europe, finalement, il y a du boulot, mais ça vaut le coup…