« L’UDI et le Modem existent grâce à l’UMP ! Je
ne veux pas d’un centre droit ! » :
C’est le titre que Le Nouvelobs.fr
donne à un article d’Olivier Nataf, président de la Fédération Modem d’Amérique
du Nord, qu’il a publié (le 06 avril 2014, Centristes, n'ayez pas peur) sur son blog. En grande majorité, en effet, les « élus
Modem » l’ont été sous la tutelle de l’UMP.
Les membres du Modem, comme nous à
Clamart, qui avaient travaillé à des consensus avec la gauche n’ont pas eu l’investiture de leur
parti, n’avaient pas non plus le droit d’utiliser leur appartenance à leur
propre parti !! Lorsque certains ont été élus, malgré tout, sur des listes
de rassemblement de gauche, quel est le statut que leur parti leur
reconnaît ? Mystère !
Dès la signature de
l’alliance « Modem-UDI » en Octobre 2013, la charte contenait
ces phrases : « L’alliance avec le PS est impossible » et
« la droite républicaine est naturellement notre partenaire
politique ». Pas la gauche républicaine donc, bien que ce texte, un peu
plus loin, n’exclue pas d’aller jusqu’aux « sensibilités
sociales-démocrates » !
Tout au long de la campagne municipale, dans certaines
communes, on a souvent assisté à une
bataille autour du logo du Modem, différentes listes de gauche ou de droite,
dans une même ville, se réclamant de l’appui du Modem. Pourquoi cette chose
dérisoire, le logo, a-t-il été un enjeu ?
Parce que nous étions de plus en plus
perçus pour ce que nous étions devenus sur l’échiquier politique : une
force petite mais indépendante et crédible qui, outre quelques voix
supplémentaires, donne à une liste une caution d’esprit de responsabilité et de
sérieux !
On peut mesurer l’évolution qui s’est
faite à notre sujet lorsqu’on se rappelle
que récemment encore certaines directions locales ou nationales de
partis de gauche nous désignaient comme un parti de droite, donc pas
fréquentable !!
En fait, le texte signé par JL.Borloo
et F. Bayrou a servi à piétiner ce que nous, les militants, avons essayé de
construire pendant sept ans : l’identité du Mouvement Démocrate, celle de
l’indépendance et du refus des tutelles des grands partis, celle de la
recherche des consensus en fonction de nos principes et de nos objectifs, celle
du rassemblement par delà les clivages contre-productifs du paysage politique
bipolaire.
Le « stock » d’élus Modem
était déjà largement le résultat de contre-parties avec la droite ! La
sensibilité de centre droit est très fortement représentée autour de François
Bayrou. Nos amis du centre droit, ont pu imposer leurs vues clientélistes et à
la faveur des difficultés et échecs gouvernementaux de gauche (évidemment, pas
de droite, cela leur paraissait plus cool à cette époque-là… !!), imposer
le retour du Modem dans le giron de la droite !
Pourtant, hélas, selon les communes, la
droite n’est pas toujours aussi
républicaine qu’on pourrait le souhaiter. On peut regarder de près les
alliances à droite dans le 92 (entérinées sans état d’âme par notre mouvement)
: Devedjian voulait « nettoyer les écuries d’Augias », mais c’était
jadis…
Maintenant, dans ce climat de
déconstruction du Modem, où va-t-on ? La direction nationale, après avoir
entendu le discours de Hollande sur le redressement de la France en janvier,
et le discours d’investiture de Manuel
Valls, mardi dernier, va-t-elle
s’opposer au gouvernement tout de suite parce que les résultats ne sont
toujours pas là ?
Qu’aurait fait F Bayrou, s’il avait eu
à prendre la tête du gouvernement : aurait-il récusé les 50 milliards
d’économie ? tu la nécessaire simplification du millefeuilles des
collectivités territoriales ? re-défiscalisé les HS ? Aurait-il
supprimé la suppression prévue des prélèvements familiaux pour les
entreprises? Bien sûr que non ! Il
aurait tâtonné, lancé des débats, probablement fait des erreurs, été maltraité
à droite et à gauche et aussi perdu en popularité !
Il y a une anomalie de la pensée, chez certains, à croire que les comptes de la nation, le problème du chômage, celui du pouvoir d’achat puissent être résolus en deux ans, par l’opération du Saint-Esprit (probablement )!!
Où est-elle passée, au Modem, cette idée que la situation était trop grave pour s’enliser dans le combat des uns contre les autres, idée illustrée par le choix de François Bayrou pour Hollande au second tour de la présidentielle ? Les orientations que l’on voit poindre aujourdhui à la tête de l’Etat sont-elles profondément opposées à celles que nous défendons ?
Nos amis ont conduit notre mouvement à renforcer l’odieux clivage bipolaire qu’ils ont pourtant dénoncé pendant plusieurs années ! Et pourquoi ? Pour avoir un peu plus d’élus (6 maires au lieu de 3 dans les villes de plus de 30000 ha !!) ! L’élection de quelques barons locaux doit être, semble-t-il plus importante que d’appuyer des réformes possibles et souhaitables pour sortir le pays de l’ornière !
Au sein du Modem, on ne m’a pas dit comme à Olivier, que j’étais une « romantique à deux sous », mais je l’aurais préféré je crois ! On m’a dit que nous étions « en dissidence » !
Pourtant, mes copains et moi, nous n’avons pas changé brutalement en Octobre 2013, de logiciel politique : moi, grenouille démocrate (plutôt que centriste), je suis restée dans la brouette de F.Bayrou, ce sont les « grenouilles » de centre droit qui ont sauté par-dessus bord !!
Annie-France Abéasis
**François Bayrou a, dans un discours, expliqué
que : « conduire un parti centriste, c’était conduire une
brouette remplie de grenouilles, il s’en trouve toujours quelques-unes pour
sauter par-dessus bord ! »